" Liberté immuable "
ou
Le B-52 dit " buff "
( Al Faraby )

Le bombardier géant B-52 "Stratofortress" fut longtemps l'élément essentiel de la force de dissuasion nucléaire américaine mais c'est surtout lors des missions de bombardement de type conventionnel qu'il a démontré, du Vietnam à la guerre du Golfe et aujourd'hui en Afghanistan, sa terrible puissance destructrice. Le Pentagone a confirmé mercredi le recours à ce bombardier lourd pour déverser des "tapis de bombes" sur les positions talibans dans le nord de l'Afghanistan. Ce bombardier lourd octoréacteur à très long rayon d'action fut spécialement conçu au début de la Guerre froide pour des missions de frappes stratégiques à capacité mixte, conventionnelle ou nucléaire. L'histoire de cet avion mythique débuta dans les années 40 face à la nécessité de moderniser la flotte des vieux bombardiers à hélice de l'US Air Force, et notamment les fameux B-29 et B-50 "Superfortress". Mais le projet du XB-52 fut abandonné en janvier 1948. Le blocus de Berlin par les Soviétiques en juin de la même année et la guerre de Corée relança le programme et un second prototype, le Y-B52, prit l'air en 1952. Le constructeur Boeing livra la première version de l'avion (B-52A) en août 1954. Au total, 744 exemplaires furent construits pour un coût unitaire d'environ 74 millions de dollars. S'il n'a jamais participé à un conflit nucléaire, il a constitué pendant plus de quarante ans l'armature de la force de dissuasion nucléaire des Etats-Unis, au sein du Commandement stratégique aérien (Strategic Air Command) qui disposait de 250 exemplaires jusqu'en 1985. Conçu au départ comme un bombardier nucléaire, le B-52, dans ses versions modifiées ultérieures, a fait preuve au cours de sa longue carrière d'une remarquable polyvalence, tant pour les missions de bombardement conventionnel que pour le mouillage de mines et l'emport de missiles de croisière non-nucléaires. Dans les années 60, avec l'adoption par les États-Unis de la doctrine nucléaire de la "réponse flexible", le B-52 fut modifié pour pouvoir assurer des missions de pénétration à basse altitude et emporter davantage de bombes conventionnelles (mines, bombes à fragmentation). Transformé dès lors pour l'adversaire en véritable arme de terreur, il acquit ainsi une nouvelle valeur stratégique et psychologique. Au Vietnam, la flotte des B-52 fut engagée pendant huit longues années dans la plus longue mission de bombardement jamais connue, effectuant des bombardements de saturation, faisant naître l'expression "tapis de bombes". En 1991, durant la guerre du Golfe, les B-52 lâchèrent 40% du tonnage total de bombes larguées sur l'Irak. A ce jour, environ une centaine d'exemplaires de sa version la plus récente (B-52H) sont encore en service dans les unités de l'aviation américaine. Le "Stratofortress" ne vole qu'à une vitesse de 955 km/h, une lenteur qu'il compense par sa capacité destructrice. Il peut ainsi emporter dans ses soutes et sous ses ailes un arsenal de quelque 31 tonnes de bombes classiques ou à fragmentation, de missiles air-sol ou air-mer à guidage de précision ou de missiles de croisière. Surnommé affectueusement "Buff" pour "Big Ugly Fat Fella" (gros type gras et laid) par les pilotes de l'US Air Force, le B-52 est un mastodonte de 73 tonnes à vide (221 t en charge pleine) d'une longueur de 49 m pour une envergure de 57 m, ce qui en fait l'un des plus gros avions du monde. Son rayon d'action oscille, selon les versions, entre 12.000 et 14.000 km pour une altitude de croisière maximale de 50.000 pieds (15.150 m). Il est ravitaillable en vol et peut ainsi voler aussi longtemps que l'endurance de son équipage le permet. A cette fin, certains B-52 volent avec deux équipages de six hommes qui se relaient aux commandes. Selon le Pentagone, le B-52 pourrait voir sa carrière prolongée jusqu'en 2045.

Avec l'AFP - WASHINGTON, 1er novembre 2001

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