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Afganistán: Una página de ESPAÑA ROJA

Des réfugiés afghans blessés par les frappes arrivent au Pakistan QUETTA (Pakistan), 14 oct (AFP) - Les plus chanceux des réfugiés afghans parviennent en petit nombre à passer au Pakistan, et certains d'entre eux portent des blessures infligées par les raids contre le régime des taliban.

Beaucoup ne semblent pas au courant des événements qui ont déclenché les représailles militaires contre le terroriste présumé Oussama ben Laden et contre les taliban, mais certains n'ont aucune raison de douter de la férocité des frappes aériennes.

Faiz Mohammad, 30 ans, réfugié depuis longtemps au Pakistan, était retourné il y a trois mois en Afghanistan après avoir obtenu un contrat pour travailler comme maçon à Kariz, près de l'endroit où se rejoignent les frontières du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'Iran.

Mercredi soir, Faiz s'est réveillé dans un hôpital.

"Je me rappelle seulement une grande explosion très près de moi. J'ai perdu conscience, et je ne suis pas revenu à moi avant la nuit", a-t-il raconté.

Il avait reçu des blessures à la tête et des lambeaux de chair avaient été arrachés de ses jambes.

A l'heure où Faiz sortait de l'inconscience, Faizal Mohammad et sa famille étaient sur le point d'aller se coucher dans leur maison des faubourgs de Kandahar, le coeur du pouvoir des taliban dans le sud-est de l'Afghanistan.

"Il y a eu une forte explosion près de ma maison, suivie par des centaines de petites explosions", a déclaré Faizal. "Un dépôt de munitions avait été touché, et soudain le mur de ma chambre a été traversé par un obus".

Son fils a reçu une horrible blessure à l'estomac, que Faizal a pansé de son mieux, serrant fortement un foulard sur la blessure et emmenant son fils à un hôpital de Kandahar.

Faizal a été lui aussi admis à l'hôpital pour des blessures à la tête. Jeudi matin, il a été brutalement sorti de son sommeil par un nouveau raid américain sur un autre dépôt de munitions.

Des explosions secondaires provoquées par l'incendie du dépôt se sont succédé pendant six heures, mettant durement à l'épreuve les nerfs de Faizal.

Les bombardements ont provoqué un afflux de blessés à l'hôpital, parmi lesquels des civils.

"Quatre personnes ont d'abord été amenées, dont l'une était manifestement morte pendant son transport à l'hôpital. Elles ont été suivies par quatre taliban blessés, puis par dix autres civils".

Faizal a déclaré que l'un des civils blessés lui avait dit qu'au moins trois personnes avaient été tuées dans le district de Loya Wala à Kandahar, où se trouvaient les dépôts.

Entre-temps, près de la frontière iranienne, Faiz Mohammad récupérait de ses blessures à l'hôpital, où il avait été conduit en voiture de nuit par son ami Abdul Satar, à travers des pistes de terre et de mauvaises routes.

"J'ai saigné pendant plus d'une journée, mais finalement le médecin a dit qu'il avait enlevé la plupart des éclats de mes jambes et de ma tête", a-t-il dit.

Décidé à regagner la maison où il était auparavant réfugié à Quetta, dans l'ouest du Pakistan, Faiz a été installé par Abdul Satar à l'arrière d'une camionnette. Avec deux autres Afghans, ils sont partis pour la ville frontalière de Bramcha, d'où ils sont parvenus sans aucun problème à entrer au Pakistan.

Faizal Mohammad a eu la même idée et, après avoir enterré son fils, a réussi à conduire sa famille jusqu'au poste-frontière de Chaman, sur la route de Kandahar à Quetta.

"A la frontière, les soldats pakistanais ont vu dans quel état j'étais. Ils ne m'ont pas renvoyé, au contraire, ils ont ouvert la frontière pour moi", a-t-il déclaré. Officiellement, la frontière pakistanaise reste fermée aux réfugiés.

Faizal Mohammad et sa famille, ainsi que Faiz Mohammad, Abdul Satar et les deux autres réfugiés, sont arrivés à Quetta samedi, six jours après que les Etats-Unis eurent lancé leur campagne militaire.

"C'est l'Amérique qui a fait cela", a déclaré Faiz. "Je le sais, parce que nous regardions les avions dans le ciel. J'ai demandé si c'étaient des avions taliban, et nous avons découvert que les taliban n'ont plus d'avions".

"Je suis en colère contre l'Amérique. Je suis un pauvre homme, et ils ont lâché des bombes sur moi".